Claudine Wyssa

Face au covid, Vaud fait la pub pour les élections de 2021

Avec toutes les restrictions liées au Covid-19, les autorités vaudoises craignent une désaffection pour les communales de mars prochain. Le canton lance donc une vaste campagne pour encourager les gens à s’engager

Limitation des rassemblements politiques, restriction du nombre de personnes sur un stand d’information, impossibilité de faire du porte-à-porte ou tout simplement de débattre, attablé dans un bistrot, un verre à la main. Comme beaucoup d’autres pans de la société, la vie civique est profondément impactée par les mesures sanitaires liées au Covid-19. Ce contexte inquiète les autorités vaudoises, alors que se profilent les élections communales de mars 2021. Le canton a ainsi lancé ce lundi matin une campagne «Pour ma commune» afin de «soutenir les collectivités publiques dans le nécessaire travail d’information et de promotion de cet important événement démocratique».

«La pandémie ne doit pas mettre entre parenthèses la démocratie», a plaidé la conseillère d’Etat Christelle Luisier, responsable du Département des institutions et du territoire (DIT). Pour celle qui fut durant dix ans la syndique de Payerne, ces élections communales doivent absolument être maintenues, dans le respect des normes sanitaires en vigueur. Le canton a tenu à lancer cette campagne de promotion avant le mois de décembre. «Si le premier tour est agendé au dimanche 7 mars 2021, le délai pour le dépôt des listes est, quant à lui, fixé au lundi 18 janvier, rappelle Christelle Luisier. Dans les faits, avec la période des Fêtes, le recrutement s’effectue jusqu’à Noël.»

Flyers et capsules vidéo

L’accompagnement proposé par le canton s’appuie sur deux axes. Le premier consiste en l’ouverture d’un site internet, www.pour-ma-commune.ch, qui centralise toutes les informations nécessaires en relation avec le scrutin, notamment la marche à suivre pour se porter candidat. Le second axe a pour but de sensibiliser la population et d’encourager des personnes à s’engager pour leur commune. Le DIT met ainsi gratuitement à disposition tout un matériel de promotion: flyers, affiches, capsules vidéo proposant des témoignages d’élus, etc.

«Près de la moitié des quelque 300 communes vaudoises ont déjà annoncé vouloir profiter de ce soutien», se félicite la conseillère d’Etat PLR, qui précise que l’intérêt ne vient pas seulement des petits villages: «Pas moins de dix communes de plus de 10 000 habitants se sont manifestées.» Et certaines villes n’ont pas attendu pour le faire savoir. Ainsi, peu après l’annonce du DIT, La Tour-de-Peilz annonçait par voie de communiqué de presse son intention de relayer la campagne «Pour ma commune» sur ses divers supports de communication: site internet, page Facebook, journal communal… Le but est d’inciter les habitants «à faire acte de candidature pour les prochaines élections communales».

«A nous de nous montrer inventifs»

«Cette action du canton arrive au bon moment pour attirer l’attention de la population sur les élections», analyse la présidente de l’Union des communes vaudoises (UCV), Claudine Wyssa. La syndique de Bussigny observe que «si dans les grandes villes, les partis ne semblent pas rencontrer trop de problèmes pour trouver des candidats, la situation est plus compliquée dans les plus petites communes, où la difficulté de se rencontrer freine le recrutement». Si elle reconnaît que cette pandémie est une période compliquée aussi bien socialement qu’économiquement, l’élue PLR, qui se représente en mars, se veut confiante par rapport à la campagne électorale à venir. «Pour une fois, on ne se gèlera pas les pieds à des stands – les communales tombent toujours en hiver –, sourit Claudine Wyssa. A nous de nous montrer inventifs, sur les réseaux sociaux ou avec des affiches un peu plus incisives que d’habitude.»

Reste que si le Covid-19 amplifie les craintes concernant le renouvellement des élus locaux, la campagne de communication s’inscrit dans un contexte plus large de crise des vocations. Durant la législation en cours, dans le canton de Vaud, 21% des membres d’exécutifs communaux (345) ont démissionné. Les maux sont connus: manque de reconnaissance, difficulté croissante à concilier vie privée, vie professionnelle et engagement politique ou complexification des dossiers (en particulier dans les domaines des écoles et de l’aménagement du territoire). «Afin que cette action de sensibilisation ne soit pas un one shot, mais un engagement de longue haleine», selon les mots de Christelle Luisier, un programme de formation sera également mis en place à destination des greffes, des bureaux électoraux, mais aussi, dès l’été 2021, des nouveaux élus.

Campagne également à Fribourg

Du côté du canton de Fribourg, où le premier tour des élections communales se tiendra également le 7 mars 2021, une campagne vidéo est aussi prévue ces prochaines semaines. «Elle se déroulera principalement sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser la population à cette élection», confirme Samuel Russier, secrétaire général de la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts (DIAF). Il relève néanmoins que le Covid-19 n’a fait que renforcer des actions de soutien aux autorités communales déjà existantes dans le canton.

En décembre 2019, le conseiller d’Etat fribourgeois Didier Castella présentait en effet tout un catalogue de mesures, allant de la mise sur pied d’un système de mentorat et de formations créées avec l’appui de l’Institut de hautes études en administration publique (Idheap) de Lausanne. «Un accent particulier a été mis sur la sensibilisation des employeurs quant aux vertus du système de milice», insiste Samuel Russier, ajoutant que des rencontres avec les faîtières patronales avaient eu lieu cet automne. Il demeure optimiste quant à la vivacité de la politique locale: «Depuis le début de la pandémie, nous n’avons recensé que très peu de démissions au sein des autorités communales. Face à la crise, chacun a pris ses responsabilités.»

Source: https://www.letemps.ch/suisse/face-covid-vaud-pub-elections-2021

Claudine Wyssa lâche les communes vaudoises, mais pas la sienne

À l’Exécutif depuis 2002, Claudine Wyssa sera à nouveau candidate à la Municipalité de Bussigny en mars prochain. Elle quittera d’ailleurs la présidence de l’UCV pour mieux se consacrer à sa ville.

Alors que de nombreux élus de premier plan annoncent leur retrait depuis quelques semaines, la syndique de Bussigny Claudine Wyssa ne les imitera pas: elle brigue en effet un cinquième mandat dans «sa» ville. «J’y ai beaucoup réfléchi, car c’est un engagement qui est tout sauf anodin. Mais j’aime Bussigny, et ça vaut la peine de s’investir pour cette commune. Et puis j’ai croisé plusieurs personnes qui m’ont demandé de continuer. Ça a compté dans mon choix.»

À bientôt 67 ans, n’est-ce pas le moment de favoriser un certain renouvellement en laissant sa place? «J’ai la conviction d’avoir fait mon job jusqu’ici et que je peux encore apporter quelque chose, explique celle qui a rejoint l’Exécutif en 2002. Même si le travail de syndique n’est pas toujours simple, je ne me sens pas fatiguée. Dans le contexte actuel, je pense également que l’expérience acquise dans le passé me permettra de mettre à disposition des éléments dont la population pourrait avoir besoin.»

Bientôt 10’000 habitants

Dans une commune qui s’apprête à franchir le cap des 10’000 habitants, Claudine Wyssa est bien consciente que l’équipe municipale se retrouve face à de nombreux défis. «L’augmentation de la population doit être accompagnée d’une hausse des emplois, estime celle qui est syndique depuis 2009. Cette mixité est importante. La promotion économique sera l’un des volets de la prochaine législature.»

Et quand on lui demande quel dossier lui tient à cœur, elle n’hésite pas: «J’aimerais initier un projet culturel, que ce soit un musée, un théâtre ou une salle d’exposition. Pour notre ville, ce serait un véritable plus.»

Si elle souhaite continuer à défendre les intérêts de ses citoyens, Claudine Wyssa va en revanche renoncer à son mandat à la tête de l’Union des communes vaudoises (UCV), dont elle assure la présidence depuis bientôt une décennie. «J’irai jusqu’au terme de législature en juin prochain, puis j’arrêterai, annonce-t-elle. Après dix ans, je pense qu’un changement est nécessaire. J’ai beaucoup apprécié cette mission plus politique, mais je veux désormais me concentrer sur Bussigny et l’Ouest lausannois.»

Trois départs à l’Exécutif

Malgré la candidature confirmée de la syndique, la Municipalité va passablement changer de visage lors des prochaines élections. Au sein de l’Entente communale (EM), Claudine Wyssa sera accompagnée d’un autre sortant, Jean-Daniel Luthi. Le parti présentera également les conseillers communaux François Marchon et Paola Käslin. Jean-Pierre Aeby, lui, ne se représentera pas.

Du côté du Parti socialiste et Indépendants de gauche (PSIG), les deux municipaux en place – Germaine Müller et Jean-Claude Glardon (qui aura passé près de vingt-cinq ans à l’Exécutif!) – passeront la main. La formation désignera ses candidats pour leur succéder prochainement, tout comme l’UDC.

Source: https://www.24heures.ch/claudine-wyssa-lache-les-communes-vaudoises-mais-pas-la-sienne

«Les communes ne doivent pas tout accepter»

Deux Vaudoises mettent en garde les magistrats des municipalités genevoises.

Quarante-quatre millions. C’est la somme que le Conseil d’État veut ponctionner aux communes en 2021 par le biais du projet de loi dit écrêtage, actuellement étudié par les députés. Ce montant est exigé comme participation à la facture sociale. Aujourd’hui, ces frais sont intégralement assumés par le Canton. Avec cette nouvelle participation, le gouvernement espère réduire l’effet ciseau – l’augmentation plus rapide des charges que des revenus – lié à ces dépenses qui creusent sa dette.

Genève n’est pas le premier canton à penser à reporter une partie des charges sur les communes pour assainir ses finances cantonales. Plombé par une dette comparable au début des années 2000, Vaud, dont on loue aujourd’hui la bonne santé financière, a eu recours à la même stratégie. Dans d’autres proportions et avec des conséquences non négligeables.

Plusieurs communes vaudoises rencontrent actuellement des difficultés financières. La présidente de l’Union des communes vaudoises (UCV), Claudine Wyssa, et l’ancienne présidente de l’association des communes vaudoises (ACV), Joséphine Byrne Garelli, mettent en garde les Exécutifs des municipalités genevoises sur les risques d’un tel report de charges.

Que vous inspire la situation genevoise?

Claudine Wyssa: Malgré leur proximité, les cantons de Genève et Vaud paraissent à bien des égards parfois très éloignés. Mais quand je suis les débats genevois sur la répartition des charges entre l’État et les communes, je vois beaucoup de similitudes sur les difficultés à faire fonctionner nos collectivités.

Que souhaiteriez-vous dire aux magistrats communaux genevois?

C.W.: De ne pas accepter n’importe quoi. Il peut être nécessaire d’aider le Canton à un moment donné, mais il faut au minimum préciser un montant maximal et la durée de cette aide.

J.B.G.: Si les communes genevoises décident d’entrer en matière sur une participation à la facture sociale, elles doivent également obtenir des compétences dans ce domaine, afin d’avoir un poids dans les décisions sur les montants engagés.

Quelle est la situation des communes vaudoises aujourd’hui?

J.B.G.: Elles cumulent un déficit d’investissement de l’ordre de 110 à 140 millions de francs par an. Les infrastructures et les services aux citoyens ne sont par conséquent pas partout développés comme ils devraient l’être.

Comment en est-on arrivé là?

C.W.: Longtemps, les communes vaudoises assumaient 33% de la facture sociale. En 2004, pour assainir la dette du canton, le Grand Conseil a décidé d’augmenter progressivement cette participation à 50%. Or, entre 2004 et 2020, la facture sociale a été multipliée par presque 4! Les communes n’arrivent plus à payer aujourd’hui. Certaines ont dû augmenter leurs impôts, d’autres aimeraient, mais leur population a refusé. De son côté, le Canton affiche des finances saines depuis une dizaine d’années. Cette situation n’est pas normale.

Un accord pour un rééquilibrage financier entre le Canton et les communes a finalement été trouvé.

C.W.: Tout le monde s’accordait sur le fait qu’il fallait revoir cette répartition. Les deux parties viennent de s’entendre une participation des communes à la facture sociale à 36,7%. La transition se fera progressivement jusqu’à 2028, où elle deviendra pérenne.J.B.G.: Cet accord est une bonne nouvelle. Mais son entrée en vigueur est trop progressive. Durant ces huit prochaines années, la situation risque encore de se détériorer pour les communes avec les pertes liées au Covid-19 et l’augmentation constante de la facture sociale.

Une participation de 36,7%, c’est donc presque un retour à la situation d’avant 2004.

C.W.: Oui. Cette proportion correspond quasi à la part d’impôts globaux versés aux communes vaudoises. Le Canton reçoit deux tiers de cette manne et les communes en récupèrent un.

Le transfert de charges s’était-il accompagné d’un transfert de compétences en 2004?

C.W.: Non, pas de transfert de compétences, ni dans un sens ni dans l’autre.

Quelles sont les prestations offertes aujourd’hui par les communes dans le domaine social?

C.W.: Les communes vaudoises s’occupent exclusivement des prestations très locales comme l’aide directe à des personnes, des conseils, les soutiens non imposés par une loi cantonale, les animations, l’intégration, le troisième âge, les travailleurs sociaux de proximité, etc. Toutes les politiques sociales définies dans des lois sont cantonales.

Comment les mairies s’organisent-elles pour assumer ces tâches?

C.W.: Les grandes communes s’organisent elles-mêmes. Pour les autres, c’est surtout régional.

Ce système vous convient-il?

J.B.G.: Pas totalement. La facture sociale augmente de façon fulgurante et les communes n’ont actuellement aucun moyen d’agir sur les sommes allouées à ces prestations. Elles peuvent s’opposer à certaines dépenses, mais cela n’a pas de pouvoir contraignant.

Source: https://www.tdg.ch/les-communes-ne-doivent-pas-tout-accepter